Charlottever

Charlottever

Un si beau voyage!

 

Ils venaient de débarquer à Casablanca.

La mer était restée d'huile et cela convenait très bien à Henri.Il n'aimait pas particulièrement les remous alors que Louis n'attendait que cela.

-L'aventure sans une bonne tempête, ce n'est pas l'aventure! clamait Louis.
Louis était exubérant, bagarreur, curieux. Cette curiosité était d'ailleurs le seul point commun qu'il avait avec Henri. Il parlait fort avec un aplomb que certains auraient pu lui envier. Il était très attirant avec son épaisse chevelure dans le vent, ses yeux bleus rieurs et une musculature qui avait laissé pantois bon nombre de demoiselles. Il était volage en amour et la possibilité de fonder un foyer ne l'avait jamais effleuré.

Son frère, quant à lui regrettait parfois d'être parti, sa Louison lui manquait déjà terriblement. Il avait les traits fins et était aussi brun que son frère était blond. Ses yeux , sa petite moustache lui donnaient un air sérieux et pourtant, il savait raconter les histoires comme personne.

Henri était médecin et Louis architecte.

Le décès de leur père leur laissait un gros héritage. Ils avaient le goût des voyages et après avoir entendu parlé des grandes caravanes qui traversaient le désert, ils avaient décidé de se rendre sur place.

Les récits abondaient. On parlait de transport de richesses incroyables, de princesses des mille et une nuits…

Ils décidèrent, bien qu'on leur ait indiqué qu'à l'ouest, la piste d'Inb Khaldun voyait passer une caravane annuelle de 12000 chameaux, de suivre la piste Sijilmassa Teghazza Aoudaghost, plus tranquille.

Ils voyageraient à dos de chameau. Ils avaient emporté très peu de bagages. Henri s'était renseigné avant de partir de façon à ne pas commettre d'impair. Il ferait très chaud! Il fallait donc se couvrir afin d'éviter le soleil, qui prenait un malin plaisir à cuire les peaux claires et à faire s'évaporer l'eau du corps.

Ils avaient abandonné leurs costumes étriqués pour les vêtements d'ici.

Pantalons larges bouffants, djellaba, chèche…Les yeux clairs de Louis attiraient encore plus le regard lorsqu'il revêtait son chèche noir. Henri avait choisi le bleu, l'indigo. C'était sa couleur préférée.

Ils avaient tout de suite apprécié la légèreté des tissus, l'aisance que cela leur procurait. Ainsi vêtus, on pouvait les confondre avec les Imajaghans, fière tribu composée de nobles guerriers. Non, ils n'étaient vraiment pas ridicules avec leur boubou et leur taguelmoust.

Il leur fallait à présent trouver un guide, un massoufa qui leur permettrait de rejoindre une caravane. Cela se révéla être bien plus facile qu'ils ne l'avaient cru au départ. En effet, il y avait peu d'étrangers à oser faire ce long et pénible voyage. Ils avaient de l'argent et ne s'en cachaient pas, le guide l'avait deviné dès le premier regard et cela avait facilité la négociation.
Il leur dit cependant en les regardant droit dans les yeux, sans sourciller, que ce ne serait pas une partie de plaisir, que le danger était réel.

 

-”Les caravanes font commerce de denrées comme le sel, que l'on transporte en bloc et qui est essentiel à toute personne vivant dans un pays chaud. Il y a aussi de l'or, de véritables montagnes  transformées en poussière pour être frappée en monnaie. Certains affirment d'ailleurs que “l'or pousse ici comme des carottes”. Les convois d'animaux, se déplacent de point d'eau en point d'eau car on ne peut traverser le désert d'une seule traite. Il a fallu parfois creuser des puits, très profonds car la distance qui séparait deux oasis était trop importante.

De plus, le désert n'est pas fait que de sable, il y a aussi de nombreux rochers qui nous obligent parfois à faire de grands détours. Il m'est arrivé, il y a bien longtemps de me perdre, pris dans une tempête. J'avais pour seul paysage depuis des heures le reg. Je me tordais les pieds dans les cailloux. Je n'avais plus rien à boire, plus rien à manger. Malgré la fatigue, j'eus la chance de repérer un petit monticule d'une quarantaine de centimètres. Il s'agissait du garde-manger des fourmis moissonneuses. Je me suis jeté sur cette pile de graines entassées afin de reprendre des forces et j'ai pu rejoindre une caravane.Depuis, je fais très attention.

Les animaux sont dangereux aussi dans le désert. Tout particulièrement les scorpions. Mais je suis trop bavard et je vois bien que vous vous inquiétez. Je vais vous donner une liste de matériel à acheter. Nous partirons demain à 5heures.

Je m'occupe des bêtes. Nous aurons ainsi rejoint la grande caravane en fin de journée. Dormez bien, c'est votre dernière nuit dans un lit douillet!”

 

Louis et Henri se regardèrent un instant, d'un regard qui semblait dire :”on continue ou on rentre chez nous?” Puis ils éclatèrent de rire, ils étaient heureux, le périple allait commencer !

Ils dormirent peu tant l'excitation était grande. Louis pensait trouver un trésor pendant le voyage. Henri voulait comprendre pourquoi ces hommes préféraient vivre en nomades plutôt que dans le luxe d'une grande ville. Il voulait vivre sous les tentes, connaitre la chaleur des jours, la froideur des nuits…Les Touaregs étaient des hommes fiers et cela lui plaisait. Il allait apprendre.

A 5 heures, ils étaient déjà devant Aderfi, leur guide. Celui-ci n'en fût nullement étonné. Ils étaient motivés, cela se voyait, pire, cela se sentait.

Ils buvaient les paroles d'Aderfi, trop heureux de pouvoir raconter toutes les péripéties de sa longue vie. Monter sur un chameau avait été plus difficile pour Henri que pour Louis. Au début, Henri avait l'impression d'être à nouveau sur le bateau mais après quelques heures passées sur le dos de l'animal, les maux s'étaient envolés.

Il faisait de plus en plus chaud. Leurs yeux ne pouvaient regarder le ciel tant les rayons du soleil l'inondaient de clarté. Ce qu'ils voyaient au loin, c'était du sable, toujours du sable, encore du sable. De temps en temps, un fennec, une vipère des sables, un scorpion!! Leurs mouvements étaient rapides. Il n'y avait pas d'eau alentours. Où trouvaient-ils leur nourriture?

Henri poserait à Aderfi toutes ces questions, ce soir. Il n'avait pas la force de parler pour l'instant, le soleil l'anéantissait. Il commençait même sévèrement à le détester. Pourquoi d'autres en leur temps l'avaient-ils vénéré, oh Râ….

Heureusement, on fit bientôt la première pause. Et tout naturellement, leur guide leur proposa un thé. Pas une simple tasse de thé à la menthe mais trois. Le premier, amer comme la vie, le second fort comme l'amour et enfin le dernier doux comme la mort. Il aurait été fort impoli de refuser.
Il fallait boire chaud, le contraire ne servant à rien! Ils avaient décidément bien des choses à apprendre. Alors de bonne grâce nos deux frères se désaltérèrent avec le thé d'Aderfi.

Toute la journée ils continuèrent d'avancer et en effet ils retrouvèrent la caravane.

Là, les attendait la taguella, sorte de galette à base de farine de mil, d'eau et de sel, cuite dans le sable.

 

On leur dit que c'était là la nourriture préférée des touaregs. Cuite dans un four de fortune creusé dans le sable,  elle se trempait ensuite dans une sauce concoctée à partir des divers éléments dont on disposait. Ce soir là, les femmes avaient mis dans l'eau des os de moutons, de la tomate et des épices. Certains préféraient le lait aigre de leurs animaux. On mangea vite, on parla peu. Nos deux hommes étaient fourbus. Ils avaient l'impression d'avoir effectué un lourd labeur toute la journée. On leur indiqua leur tente, dix minutes après ils ronflaient!

Ils n'entendirent pas les touaregs jouer et réciter de doux chants poétiques. Il y avait peu de femmes mais celles-ci dansèrent en formant un demi cercle autour des hommes, parfois même elles répondaient aux chants des touaregs.Tout cela se déroulait de la façon la plus naturelle qui soit, il en était ainsi depuis des générations.

Chacun rejoindrait ensuite sa tente. Demain, il faudrait partir avant les premiers rayons du soleil.

Ce fut un chameau qui réveilla nos deux aventuriers  en blatérant. Ils se frottèrent les yeux, mirent quelques secondes à retrouver leurs esprits puis envisagèrent une brève mais efficace toilette. Il était hors de question de prendre un bain, encore moins une douche!

Au fil de leur voyage, ils tinrent compte chaque jour de tout ce que leur apprenait leur guide.

Les berbères n'étaient pas très bavards, ils se méfiaient des étrangers. Ils eurent tout le loisir d'apprendre les règles.

Henri les notait toutes, scrupuleusement dans un petit calepin.

-Ne pas manger avec la main gauche, considérée comme impure (utilisée aux toilettes)

-Aller aux toilettes loin des points d'eau.

-Ne pas jeter les noyaux des dattes.Ce sont les “germes de vie” du désert

-La vaisselle est faite avec du sable.

-Garder son couteau pendant tout le voyage si l'on veut pouvoir manger du porc, sinon s'abstenir d'en manger.

-Respecter la prière.

-Ne bruler les déchets qu'au moment du départ, le feu est réservé à la cuisine.

-Lors du Ramadan : pas de nourriture, de boisson, pas de tabac.

-Ne pas arracher les plantes.

-Ne pas courir après la gazelle, elle en mourrait…………………………….

Ils étaient partis depuis environ une semaine et les pages de son cahier étaient presque toutes griffonnées.

De son côté Louis avait rencontré, ou plutôt aperçu une jolie demoiselle. Il savait qu'il devait être très prudent mais son coeur à la vue de la jeune fille avait explosé dans sa poitrine. Il était tombé follement amoureux de cette berbère fière aux grands yeux noirs, couverte de tatouages. Elle avait un regard bleu des plus troublants dans lequel il voulait se noyer. Pour la première fois il se sentait malhabile, timide aussi. Il était sous le charme, elle l'avait envouté.

 

 

ll ne fut pas imprudent, enfin pas de la manière dont on aurait pu le croire. Ses nombreux regards vers la jeune femme trahirent son coeur. C'était la fille d'Agdhim. Il régnait sur la caravane, son nom signifiait celui qui est juste.

Les jours passaient, Agdhim avait placé sa famille en fin de caravane. Il avait remarqué le comportement de Louis et décidément, il n'aimait vraiment pas les étrangers. Il les avait accueillis, leur offrait l'hospitalité. Le chef berbère se sentait insulté lorsqu'il voyait Louis poser le regard sur sa fille. Il allait être méfiant.

De son côté Henri commençait à aller vers ce peuple qu'il appréciait. Il s'adressait à eux souriant :

- Es salaâm aleikum claironnait-il le matin à tout va. On lui répondait aleikum es salaâm. Il rajoutait “marhaba”, content de vous voir! Et tous en coeur le remerciaient, d'un choucrane franc et massif.

Il était tellement absorbé par l'étude comportementale de ces gens hors du commun ce jour là qu'il ne vit pas le scorpion qui courrait à sa rencontre. Le choc fût brutal. Il tomba doucement sur le sable brûlant, ses yeux suivirent longtemps la petite mais vilaine bête. Il ne cria pas, n'appela personne, ses forces déclinaient à grande vitesse. Il écrivit alors une dernière phrase sur son petit calepin.

- Je veux rester ici, le désert est beau, le désert est grand, j'ai encore tellement de choses à apprendre. Pardonne-moi Louison. Et toi mon frère, continue à agir en homme libre. Ne retourne pas au pays si tu n'en as pas envie.                                                                       Ton frère qui t'aime et qui te remercie de tout son coeur de lui avoir permis de faire un si beau voyage.

Il ne put continuer car son corps entier était maintenant paralysé. Tanest, la fille d'Agdhim vint le chercher car le convoi allait reprendre la route. Elle hurla en voyant Henri, la cheville gonflée, le souffle court, incapable de bouger.

Le vieux guide accourut accompagné d'hommes valides afin de porter secours à Henri. Aderfi leva les yeux au ciel, chercha des yeux à apercevoir l'animal. La blessure ne serait peut-être que passagère. Mais elle avait disparue. Ne sachant s'il s'agissait d'un scorpion au venin mortel, il n'y avait plus qu'à attendre.

On installa  Henri sur une civière, il transpirait. Il ne se plaignait pas et tenait bien fort tout contre lui son petit calepin gris.

Pendant huit heures, on le veilla. Malheureusement, son état ne faisait qu'empirer. Il faisait nuit noire quand il ferma les yeux pour toujours. Tanest tendit à Louis le carnet d'Henri. Celui-ci l'ouvrit avec beaucoup de précaution. Arrivé  à la dernière page, il vit que les derniers mots d'Henri avaient été pour lui.

Louis hurla son désespoir. Ce cri fut repris en écho par le désert tout entier. Une longue plainte interminable…qui fit place à un lourd silence insoutenable…La nuit parut glaciale.
Les touaregs laissèrent Louis à son chagrin. Agdhim permit à sa fille de rester auprès lui. La douleur de cet homme le touchait particulièrement car il avait lui aussi perdu un frère et la famille est sacrée pour un berbère.

C'était il y a bien longtemps, leur caravane avait été attaquée par un groupe de berbères appartenant à une autre tribu. Ils étaient en sous nombre, très peu d'entre eux avaient été épargnés. Il s'était juré alors de protéger les siens au péril de sa vie. Il avait armé chaque membre de la caravane. Il payait un lourd tribut à d'autres berbères afin d'être escorté en cas de danger. La vie dans le désert était difficile et dangereuse mais le nomadisme était leur raison de vivre.

Il fallait connaitre les différents points d'eau, qu'il s'agisse d'oasis ou de simples puits. Ils ne transportaient plus d'esclaves, plus de chevaux. Cela était devenu beaucoup trop dangereux et il n'adhérait pas au fait qu'un homme puisse être l'esclave d'un autre homme, enchainé, maltraité. Il préférait vendre du bétail, des denrées alimentaires. Le sel aussi était essentiel  à la vie de cette petite communauté. Le commerce de l'or  était plus rare. Il était très convoité et Agdhim voulait éviter toute attaque.


Il s'occupa des funérailles d'Henri. On chanta, on dansa toute la nuit.

Tanest resta aux côtés de Louis, il avait une décision à prendre et Tanesten connaissait l'enjeu.

Elle aussi était tombée sous le charme de ce bel âtre. Elle avait vu son âme, et celle-ci était bien différente de l'enveloppe charnelle. Cet homme avait du caractère mais il était tendre. Il saurait  prendre soin d'elle. Elle oubliait le monde lorsqu'elle était à ses côtés. Il n'était certes par très gai en ce moment mais la joie reviendrait. Elle voulait y croire. Elle aurait en attendant de la force pour deux.
Le voyage à travers le désert continuait, Louis se remettait doucement. Il ne savait plus depuis combien de temps il était parti…Le temps n'avait plus d'importance. Il avait pris un soir autour du feu une grande et sage décision, la plus importante de toute sa vie. Celle-là même qui allait conditionner le reste de son existence.

Il allait demander aux membres de la caravane la permission de rester avec eux. Il allait expliquer à Agdhim qu'il voulait épouser sa fille, qu'il la rendrait heureuse et qu'il ne quitterait jamais le pays.

C'était la pleine lune ce soir là et Louis, prenant son courage à deux mains vint rendre visite au chef de caravane. Il parlerait d'abord au chef puis au père. Il lui expliqua avec des mots simples mais sincères qu'il avait trouvé ici une famille et que  personne ne l'attendait en France. Il lui dit que les derniers mots de son frère allaient dans ce sens. Qu'en restant ici, il ne trahirait pas Henri et que peut-être il culpabiliserait un peu moins…il parla plus en une heure qu'il ne l'avait fait durant toute sa vie. Agdhim sentait qu'il s'exprimait avec son coeur et il aima cela. Il lui dit qu'il demanderait l'avis aux autres membres du convoi et qu'il lui rendrait réponse le lendemain.

Louis ne dormit pas. Il ne pouvait envisager une réponse négative. Il se sentait chez lui ici. Quelques semaines avaient suffit pour que cela devienne une évidence. Le soleil ne le gênait plus. Il avait appris à se protéger de la poussière et du sable. Le manque d'eau ne lui pesait plus. Les enfants jouaient avec lui, les femmes le gâtaient en lui préparant des petits plats. Louis qui ne savait absolument pas cuisiner en était ravi. Il savait se rendre utile auprès des hommes. C'est pourquoi il avait parlé de famille à Agdhim. Pour la première fois, il se sentait utile, à sa place!

Ce fût à nouveau les blatèrements d'un chameau qui le tirèrent hors de la tente. Il se frotta les yeux et découvrit que les hommes se tenaient debout devant sa tente. Il écarquilla les yeux, sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit.

Agdhim lui mit la main sur l'épaule et avec un grand sourire lui annonça qu'il était le bienvenu parmi eux. Louis était ravi, ses yeux brillaient, il oscillait entre le rire et les larmes. Tous pouvaient voir à quel point il était reconnaissant.

Il saisit alors la balle au bond et regardant Agdhim droit dans les yeux, il lui demanda la permission d'épouser Tanest. Le chef allait-il en être courroucé? Louis n'avait aucune connaissance des us et coutumes concernant le mariage. Il n'avait parlé que d'Amour, de confiance et de courage.

Le chef marqua une pause, fit les gros yeux.

Heureusement pour Louis, ses sentiments étaient partagés et Tanest n'était promise à aucun autre. Elle avait dévoilé la veille ses sentiments et son père avait eu toute la nuit pour accepter cela.

Quand Agdhim mit la main de sa fille dans la sienne, Louis hurla sa joie. Les touaregs autour de lui entamèrent des chants, les femmes dansèrent.

Le mariage fût grand, le mariage fût beau!

 

Louis tint parole et à la mort d' Agdhim prit en charge la caravane. Il avait beaucoup appris. On l'appelait désormais le grand sage. Il respectait le peuple berbère et ils le lui rendaient bien.

Ses vêtements étaient indigos maintenant. Ainsi lorsqu'il retirait son chèche à la fin de la journée, il pouvait voir les traces de couleur bleutée que celui-ci laissait sur sa peau. Il prit alors le petit calepin gris et en tout petit ajouta une dernière phrase:

-Petit frère, on appelle les touaregs “les hommes bleus” quand la couleur indigo de leur chèche déteint sur leur peau.

Il remis le carnet sur son coeur, il était maintenant en paix avec lui-même.
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La vie suivit son cours, les touaregs sont de moins en moins nombreux à vivre cette vie de nomade. Les oasis s'étiolent, le commerce se fait différemment. On organise des treks…

 



 

 

 



01/05/2013
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