Charlottever

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Le bison blanc

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En visitant l'exposition quai branly sur les indiens des plaines, j'ai pensé à un texte que j'avais écrit. Je vous le livre ici....

Les femmes LAKOTAS

En ce temps là, la colonisation n'avait pas encore abattu son terrible poignard sur le peuple indien.
Ils pouvaient encore aller en paix sur les territoires qui étaient les leurs. Les seules guerres qui existaient alors, étaient celles qu'ils se faisaient entre eux, vols de chevaux, de territoires, de femmes…Ils avaient leurs propres lois qui valaient bien les notres, Celles des hommes blancs dits civilisés et bien pensants ! L'histoire que je vais vous raconter se passe chez les sioux et plus exactement dans la tribu des Lakotas, chez les Sans Arcs.
Avant leur migration vers les Blacks Hills afin de suivre les troupeaux de Bisons, les Lakotas se situaient près du lac Big Stone dans le nord du Minnesota. Une famine sans précédent vint alors les frapper. Le peuple Lakota, se trouva alors fort affaibli. Sans tatanka (bison), plus de nourriture, plus de vêtement, d'abris, d'outillage…Plus de croyance possible puisque celles-ci tournaient principalement autour de l'animal wakan (sacré)…
Lorsqu'ils chassaient, ils conservaient la viande en la faisant sécher, la réduisaient à l'état de poudre aussi afin de pouvoir traverser l'hiver. Mais, toutes les provisions avaient été englouties. On ne trouvait plus en cette saison de graminées sauvages.
Les grands froids du Nord avaient chassé les animaux. Malgré les nombreuses prières, les chants, l'invocation du Grand Mystère aucun signal ne leur était envoyé. La plaine restait déserte.
Le conseil et leur chef Buffalo who walks standing upright (bison qui marche debout sur ses pattes arrières) décidèrent alors de se réunir. Il fallait réagir!
On décida d'envoyer en éclaireur deux jeunes guerriers.
Être guerrier était un très grand honneur, cela ne pouvait être attribué qu'à un homme au courage et à la force éprouvés, ayant réalisé au moins un acte glorieux.
En ce jour de misère, où la maladie venait de faire sa première apparition, la tâche était ardue. Mais le coeur d'un chasseur est fier et valeureux, il n'était pas question de refuser. Ces jeunes gens se préparèrent, ils revêtirent leur chemise scalp, sur laquelle étaient dessinés leurs nombreux exploits.
“Tue dans les bois” arborait 2 plumes d'aigle peintes en rouge, soit 2 blessures et une plume jaune pour la capture d'un cheval. Il avait 3 scalps à son actif, encore un et il pourrait se présenter comme un futur chef éligible. Son visage était peint en noir car il avait tué son premier ennemi à la bataille.
“Faucon haut vol” n'avait que 2 coups sur sa chemise mais 3 aigles jaunes et 3 rouges!
Tous deux, avaient droit de porter une coiffe de plumes tant leurs exploits étaient des plus valeureux.
Ils prirent conseil auprès du grand Chamane avant de partir en chasse. Le courage ne leur manquerait pas. Le grand esprit les accompagnait, ils vaincraient, ils trouveraient le gibier.
En éclaireurs, ils partirent à pied. Afin de pouvoir plus facilement inspecter les alentours, ils grimpèrent tout en haut d'une colline. Le froid giflait leur visage, mais l'espoir au bord des yeux, l'ardeur au fond du cœur, ils étaient fermement décidés à débusquer de quoi sustenter leur peuple. Ils ne rentreraient qu'une fois la mission accomplie. Il en allait de leur honneur.
Était-ce le vent ou le froid qui troubla leur vue ce jour là …mais, il leur sembla voir apparaître une forme humaine flottant dans les airs. Ils se frottèrent les yeux à plusieurs reprises, et ce nuage se métamorphosa en une superbe jeune femme. Elle était vêtue d'une robe longue à franges, taillée dans une peau de bison blanc. Elle se présenta sous le joli nom de “Ptesan-Wi” femme Bison Blanc. Elle était à elle seule un mélange irréel d'humain et d'animal.
Faucon haut vol, fasciné par cette apparition merveilleuse mais croyant à un mirage entreprit de la toucher mais, aussitôt par la foudre fut touché. à “Tue dans les bois”, elle demanda de retourner auprès des siens afin de porter le message de sa venue prochaine. La nourriture n'allait plus manquer, elle le promettait.
Quatre jours plus tard, alors que l'on avait dressé un tipi cérémoniel, dispersé des feuilles de sauge à la place d'honneur pour cette invitée providentielle, celle-ci se présenta au coucher du soleil.
Elle leur dit combien Wanka Tanka était satisfait du peuple Sioux. Ils avaient été loyaux, respectueux et avaient réussi à vivre en harmonie. Il leur envoyait donc Ptesan-Wi (la femme bison blanc) pour les aider.
Après leur avoir expliqué cela, celle qu'ils considéraient comme leur sœur, fit dresser un autel de terre surmonté d'un crâne de bison. Elle demanda un trépied pour y poser cet objet sacré. Elle tint le tuyau dans sa main droite et le fourneau dans l'autre main : c'était une pipe.
Elle remplit le fourneau de tabac et fit avec quatre fois le tour du tipi, dans le sens de la course du soleil, cercle sacré du chemin de la vie. Puis, délicatement, elle déposa de la bouse sèche de bison dans le feu et avec alluma la pipe.
Ce feu représentait la flamme éternelle que ce peuple devrait désormais se transmettre de génération en génération.
Le chef de la tribu intériorisa chacun de ces gestes. Il fut plus attentif encore lorsque celle-ci leur enseigna les 7 principales cérémonies religieuses : la purification, la quête de la vision, le lancer de la balle, devenir une femme bison, devenir parent, posséder un fantôme et la danse du soleil.
Elle se tourna ensuite vers les femmes et leur dit simplement que c'était le travail de leurs mains et de leurs entrailles qui permettaient aux humains de vivre.
Elles étaient le fondement indispensable. Sans elles, point de vie !
Les femmes viennent toutes de la Terre Mère et leurs tâches sont aussi valeureuses que celles des hommes guerriers. Elle prit en exemple la pipe, qui serait dès ce jour le seul objet sacré à avoir été fabriqué par les hommes et les femmes ensemble.
La pipe représenterait le lien qui unit tous les êtres vivants: plantes, humains et animaux. Elle leur dit aussi que si 2 ennemis acceptaient de fumer ensemble la pipe, leur cœur serait alors purifié et leur accord éternel.
Puis, elle offrit du maïs, de la viande, des navets sauvages et leur montra comment faire cuire les aliments en plongeant des pierres brûlantes dans des récipients d'eau froide. L'espoir venait de renaître…
L'homme venait d'apprendre que la femme était son égal. Les tâches de chacun étant simplement réparties différemment. Il aima l'idée qu'elle et lui étaient indissociables. Qu'il ne pouvait vivre l'un sans l'autre. Et, dans la chaleur du tipi, cette nuit, les unions seraient nombreuses. Il flottait dans l'air une odeur indéfinissable de bien être, d'amour, de désir…On se mangeait déjà des yeux, les cœurs battaient à l'unisson. Les bras se tendaient, les mains se touchaient. Les heures qui allaient suivre seraient tour à tour passionnées, enflammées.
Puis la femme bison blanc s'évanouit dans le soleil couchant, se transformant tour à tour en bison noir, en bison brun, en bison rouge et finalement en bison femelle blanc.
Le bison blanc devint alors tout naturellement par la suite l'animal le plus sacré des Lakotas.



10/11/2014
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